Anouck, Sénégal

De retour au Sénégal 2 ans après

Quelques semaines avant de prendre l’avion, j’avais un mélange d’excitation et d’appréhension : Qui vais-je retrouver? Est-ce que le quartier et les amis auront changé ? Comment vont se passer les retrouvailles? Autant de questions que j’ai eu la chance de partager avec Martha : nous avions vécu presque toute la mission ensemble et nous voilà dans le même avion direction Dakar pour retrouver notre pays d’adoption.

Les deux semaines passées là-bas m’ont comblée par leur simplicité. C’était un beau mélange de la joie des retrouvailles sénégalaises et la simplicité des relations du quotidien. D’abord avec les enfants qui nous ont accueilli le soir-même de notre arrivée par nos prénoms et qui quelques minutes après nous demandaient de l’eau ou un peu d’attention pour faire un jeu. On ne perd jamais le nord avec eux ! Quelques jours plus tard, en marchant dans le quartier, nous croisons Djerka, un jeune ado de l’époque qui avait pris bien 20 ou 30 cm depuis 3 ans. Il a maintenant 17 ans. Je garde dans mon cœur son sourire quand je me suis exclamée sur sa taille. Fier d’être devenu un jeune homme, il a insisté pour nous offrir un café touba alors que nous continuions notre tour du quartier.

Chaque visite était une petite pépite, un nouveau fruit que nous pouvions cueillir après notre mission. Notre ami Lazare m’a beaucoup touché. Cet ami aveugle d’une soixantaine d’années s’ennuie un peu en restant seul chez lui et passe son temps à écouter la radio. Il est au courant de toute la géopolitique mondiale et surtout des résultats de chaque match de foot qui se passent aux quatre coins de la planète. Quand nous sommes arrivées chez lui, il s’est empressé de nous trouver des chaises pour que nous soyons bien installées sur le perron de sa porte, soucieux que nous ne souffrions pas trop de la chaleur. Lui qui est parfois un peu las, je ne l’avais jamais vu aussi enthousiaste, heureux de notre venue. C’était beau parce qu’il nous a accueilli comme ses filles (il était soucieux que nous trouvions de bons maris maintenant rentrées dans nos pays) mais il nous a aussi partagé comment l’amitié se poursuivait avec les volontaires qui ont pris notre suite. Il a passé une bonne partie de la visite à nous faire écouter sur son poste radio ses musiques préférées, installées par 2 anciens volontaires afin qu’il puisse les écouter comme il le souhaitait. Ça m’a fait plaisir de voir que l’occasion des retrouvailles lui donnait envie de nous partager ce qu’il y a de beau dans son quotidien et l’amitié qui se poursuivait avec les volontaires.

Chaque visite était différente mais m’a rappelé à quel point j’avais cherché à aimer ces personnes et qu’elles gardaient une place particulière dans mon cœur malgré l’ampleur de nos différences et nos difficultés à nous comprendre parfois. Le mystère de ce temps passé et perdu à leur côté, réapparaissait après chaque temps passé ensemble. Je me sentais petite et un peu dépassée mais c’était doux. Ce voyage a été court et très dense mais je suis repartie le cœur léger et joyeux. La mission continue là-bas, et voyant la façon dont les volontaires actuels se donnent, je pense bien qu’elle va encore grandement se déployer.