Nathanaël, Italie

De misère et de beauté

Nathanaël découvre ce quartier HLM des Salicele et leurs habitants et se surprend à chercher là aussi la beauté cachée dans cette misère.

La pièce où sa mère nous accueille reste cependant minuscule, et je comprends assez vite pourquoi Raffaella passe le gros de son temps dehors, à jouer avec sa trottinette, elle aussi rose bonbon. Elle joue aussi avec les autres enfants qui sont dehors. Pour la majorité, ce sont ce qu’on appelle en napolitain, des skuniz. Ce sont un peu des « sales gosses » dont la principale occupation est de rester dehors toute la journée. Les parents étant trop occupés à entretenir la famille (et souvent par manque d’éducation), ils ne savent pas comment éduquer leurs enfants, ou tout simplement ne le font pas. Cela se voit assez facilement dans leur langage, leurs interactions sociales étant composées, au tiers, d’insultes.

Ce qui m’a marqué avec elle, c’est son caractère si particulier : elle est très autoritaire, n’en fait qu’à sa tête et sait très facilement se faire comprendre. Elle n’écoute pas grand-chose et préfère s’enfuir plutôt que s’excuser quand elle casse quelque-chose ou fait une faute. Elle a aussi un côté princesse. Mais, malgré son caractère très tranché, elle est d’une mignonnerie et d’un attachement très fort. Si je devais la décrire en quelques mots, je dirais que c’est une princesse qui a grandi dans la boue. Quand je suis arrivé dans ce quartier très pauvre, elle m’a beaucoup aidé à faire une chose qui est cruciale dans la mission (et c’est un travail constant) : voir ce qu’il y a de beau en chacun. Dépasser l’ombre et les ténèbres pour trouver le rayon de lumière, trouver le Christ en chacun. L’image de cette petite fille adorable qui pousse sa trottinette sur la route te fait presque oublier les trous, les cafards et les déchets présents sur cette même route. Le contraste est d’autant plus beau que, sur les murs, en plein milieu de la misère, sont dessinés des messages d’espoir.