Emilie Rebreyend, Pérou

L'amour des frères

Emilie nous partage ici son expérience de la vie communautaire, le besoin de se demander pardon, de se mettre à l’école.

J’aimerais vous parler de la communauté, le lieu de tous les possibles, des joies et des éclats de rire les plus forts aux tensions les plus difficiles. Ce sont les frères et sœurs que l’on reçoit pour vivre cette mission qui n’aurait pas de sens si on la vivait seuls. On partage le quotidien, on confronte nos idées, on se heurte parfois (souvent en vérité !) à la différence de culture, de caractères entre les uns et les autres, ça fait des étincelles mais on garde toujours cette unité qui nous donne la force d’avancer car on est tous présents ici pour la même raison ou plutôt, la même personne nous a réunis ensemble : Jésus. Ce qui nous permet de continuer la vie en communauté, c’est le pardon. Lorsque l’on fait une erreur, pardonner et demander pardon, prendre patience et demander à Dieu la grâce de nous accompagner, nous aident à reconnaître mutuellement nos faiblesses et à nous soutenir fraternellement. La compassion, c’est premièrement dans la communauté que l’on doit la vivre et on en a fait l’expérience il y a peu.

En l’espace de dix jours, nous avons été malades toutes les trois, chacune de quelque chose de différent. Karla a commencé par le Covid, j’ai suivi avec une amygdalite et Marie a souffert d’une intoxication alimentaire qui nous a valu un petit passage aux urgences mais elle s’est remise assez rapidement et a pu profiter de sa fête de despedida sans problème. Cette dernière maladie est arrivée après quelques tensions que nous avons eues ensemble et nous n’avions pas eu le temps de nous demander pardon l’une à l’autre, mais avec Karla, nous avons accompagné notre sœur toute la soirée et rien d’autre ne comptait plus pour nous que son état de santé. Ce fut très fort pour moi de me rendre compte que nos actes valent parfois plus que toutes les paroles d’excuse du monde. J’ai fait une très forte expérience de compassion ce soir-là avec Marie et j’ai vraiment réalisé que pour vivre ce charisme de compassion avec nos amis, il faut d’abord le vivre dans la communauté. Comment aimer le frère que l’on va visiter en dehors de chez nous si l’on n’aime pas premièrement celui qui vit quotidiennement avec nous ? Daniel Levi disait : « Pour que l’amour qu’on aura partagé nous donne l’envie d’aimer ». C’est bien l’amour de Jésus que l’on expérimente en communauté qui nous pousse à le partager à nos amis.