Etienne, Uruguay

Nous avions rendez-vous

Un an de “bonjours” et de prières permettent finalement à Nelly d’accueillir chez elle les volontaires du Point-Cœur et de leur ouvrir son cœur.

Dans cette dernière lettre, j’ai une grande envie de vous partager le prénom de Nelly. Nelly ce n’est pas une grande amie, ce n’est pas ma préférée, ce n’est pas celle qui réclame le plus d’attention, ce n’est pas non plus difficile avec elle… Nelly, c’est tellement profondément le visage de ma mission (tous les volontaires et donc toutes les missions sont différentes, Nelly, elle m’a donné la main tout au long de mon chemin). Nelly c’est une voisine, que j’ai croisée un jour à l’almacen (petit kiosque) du coin, on s’était salué, échangé nos noms et rien de plus. J’avais senti qu’elle n’attendait pas spécialement plus de moi, alors avec pudeur, on reste au seuil de la relation. Et toute la mission, je l’ai saluée dans la rue : « Salut Nelly, ça va ? » « Salut Sébastien » (oui elle avait vite changé mon prénom)… Et rien de plus.

Ce jour-­là, je suis à deux semaines du départ, ma mission touche à sa fin et je la vois passer devant la maison. «Salut Nelly» «Salut Sébastien». Il y a quelques semaines, j’avais aidé un peu sa fille dans la rue, alors je demande : « Comment va ta fille?» Normalement, la réponse classique c’est : « Bien ! » Mais là, je la vois qui dévie sa route, s’approche du portail et commence à me parler de sa fille. Elle me raconte un peu de sa situation (compliquée), de son voisinage, de ses petits-­enfants et entrecoupe ses récits de quelques larmes ponctuées de : « Je te raconte ça, Sébastien, parce que je sais que t’es un type bien». Une autre voisine arrive et nous coupe un peu dans la conversation, Nelly s’en va doucement…

L’après‐midi, je sens qu’on doit retourner la voir, que maintenant, aujourd’hui, elle a besoin d’un petit geste de plus dans la présence… Alors on sort un peu en avance et on passe par sa maison. On est accueilli par ses deux petits enfants qui frétillent tellement ils ont envie de jouer, et puis voilà Nelly qui arrive et nous dit : «Venez, on va se mettre là ». Je suis bluffé, presque choqué… Elle n’est pas surprise, elle ne pose pas de question, elle nous fait asseoir, et se met à parler… elle ouvre son cœur avec une confiance et une sérénité… Je comprends juste qu’elle nous attendait, un an de bonjours, un an de sourires, un an de prières, et aujourd’hui, nous avions rendez-­vous. Aujourd’hui, une nouvelle amie nous accueille dans son cœur…