Recevoir plutôt que donner
En plus de leur accueil, c’est la générosité des péruviens, alors qu’ils ne me connaissent encore que très peu, qui ne cesse de me frapper. Señora Charo, par exemple, n’a pas hésité à nous servir un copieux repas alors qu’elle vit dans des conditions bien simples. Elle dédie ses journées à s’occuper de son fils lourdement handicapé, et qui tente parfois, quand elle a assez d’énergie, de vendre des gâteaux. Elle loge ses deux autres enfants et sa petite-fille et qui, en plus de cela, offre le couvert chaque jour à un oncle de son mari,
Je prends petit-à-petit conscience qu’ici, je n’aide personne, ce sont eux qui m’aident. Ils m’apprennent à changer mon regard, à dépasser mes préjugés et les apparences de pauvreté, de saleté, pour chercher le cœur de l’autre. Ils m’apprennent à me mettre en retrait pour laisser la place à l’autre, à mettre tout l’amour et la tendresse que je peux, en un regard, en un sourire, car parfois les mots me manquent. Ils m’apprennent à me désintéresser de moi-même, pour me tourner vers les goûts, les histoires, les préoccupations de l’autre. Ils m’apprennent la patience, la patience pour écouter, la patience dans les embouteillages de Lima.