Ange, Philippines

Un cœur qui bat, une vie

Ange livre les premiers pas d’une amitié, qui s’apprivoise avec le temps :

Parmi les résidents, il y a July, trente-six ans, qu’il est difficile d’approcher. Peut-être pour éloigner ceux qui veulent la toucher, elle se met à pousser des cris. Elle est infirme des membres inférieurs et supérieurs. Elle est allongée dans un fauteuil toute la journée. Elle ne peut RIEN faire seule.
Un jour elle a accepté ma proximité et a bien voulu que je lui donne à manger. Pour la première bouchée, j’en avais peut-être trop mis, ce qui m’a valu un postillon de nourriture sur mon tee-shirt propre. Doucement, j’ai su ajuster les proportions, attendre qu’elle déglutit et j’ai trouvé la bonne cadence dans les coups de cuillères données. Parfois, je mettais ma main sur sa poitrine pour un petit massage, aidant à la déglutition, et je ressentais les battements de son cœur. Dans ce corps difforme, qui peut repousser ou inciter à détourner le regard, il y a un cœur qui bat, c’est une vie, une personne à aimer et non à regarder avec pitié.