Armelle, Uruguay

Un homme saisi par Dieu

Armelle nous partage cette rencontre avec Martin qui, au détour d’une visite, lui raconte son histoire, son addiction à la drogue, l’avènement de la grâce dans sa vie.

Martin est le fils d’Yvonne, une paroissienne qui est l’un des piliers de la communauté. Il est aussi le papa de deux filles adorables, Cielo y Mia. Martin est un type impressionnant et souriant. C’est à peu près tout ce que m’évoquait son prénom, ne l’ayant croisé que quelquefois dans la rue.

Un jour que nous voulions discuter avec lui, il nous ouvrit immédiatement sa porte et nous fit passer chez lui : « Vous avez un peu de temps ? Bien, entrez donc ! » Belle hospitalité de celui qui s’ouvre à l’imprévu et à nos visites spontanées.

Nous conversons un peu et invitons Mia à notre camp d’été. Martin nous raconte qu’il a lui-même participé à de nombreux camps en tant qu’animateur. Ses yeux brillaient tandis qu’il nous contait les beaux moments partagés avec les jeunes. Qu’il était émouvant de le voir parler avec tant d’enthousiasme, plongé dans ses souvenirs. On voyait à quel point cela l’avait marqué de pouvoir être présent auprès des jeunes, de pouvoir être une oreille attentive et d’essayer de les guider au mieux, lui qui s’était perdu pendant si longtemps. Au fil de la conversation, Martin nous conta son histoire.

Celle, malheureusement banale, d’un adolescent en quête de sensations fortes, qui goûte pour la première fois à l’alcool et à la drogue et qui s’habitue peu à peu, jusqu’à en devenir accro. Au point que ses parents décident de le mettre à la porte, la situation étant devenue invivable. Martin fait une pause dans son récit et s’exclame : « J’ai les meilleurs parents du monde ! Et me mettre à la porte est une des meilleures choses qu’ils aient faite pour moi. »

Martin se retrouve donc à la rue, dormant là où il peut et vivant au rythme des prises de cocaïne et des bouteilles d’alcool qui se vident. Seul. Ses frères et sœurs sont impuissants face à sa situation et ont préféré rompre le contact plutôt que d’assister impuissants à sa lente descente aux Enfers.

Martin erre dans les rues, pas tout à fait lui-même, pas tout à fait un autre. Au cours d’une de ses errances, il se retrouve à pousser la porte de l’église évangélique du quartier. Il ne comprend pas très bien, il ne sait pas trop pourquoi, mais il pousse la porte et s’assoit sur un banc. Et là, dans ce décor immaculé, respirant la sérénité, Martin s’écroule et pleure. Longuement. Un jeune voit sa détresse et l’invite à un groupe pour personnes souhaitant sortir de la drogue. Il se rendit au groupe le lendemain, ivre, mais pré- sent, avec la volonté intime/ultime de changer de vie pour de bon. Ferme résolution, qui, sans l’aide de Dieu, aurait été impossible à tenir.

C’est ainsi que commença la lente et longue rédemption de Martin. Il s’exclame : « Si je suis là, c’est uniquement grâce à l’immense miséricorde de Dieu ! C’est Lui qui m’a sauvé et sans Lui je ne suis rien ! Dieu est ma force et en Lui, j’ai mis ma confiance et mon espérance. »

Quelle confession touchante et impressionnante.
D’un homme qui se sait sauvé par Dieu et lui rend grâce.
D’un homme d’apparence costaude qui se reconnaît faible et dépendant de son Créateur.
D’un homme qui mendie son Amour et sa Miséricorde humblement.
D’un homme qui accepte la Transcendance et en sort transformé. Renouvelé.
D’un homme qui a retrouvé le chemin de son âme et en prend soin.

Bien que protestant évangélique, il nous arrive de croiser Martin à la messe ou à des soirées de louanges, accompagnant sa mère (et venant puiser à la source). Il a même accompagné son père lors d’une retraite spirituelle de la paroisse et a beaucoup apprécié ce moment.

Il nous confie : « Certains évangéliques se moquent des catholiques et de leurs rites, mais comment peuvent-ils juger où est Dieu et où Il n’est pas ? Il arrive que les hommes enferment Dieu dans une case, oubliant sa grandeur. L’Esprit Saint souffle où il veut et moi, je l’ai senti lors de cette retraite. »

Beauté d’un témoignage lumineux et sans fard, qui brille par sa simplicité et sa sincérité. Emouvant témoignage, qui secoue jusqu’aux racines, jusqu’aux tréfonds de l’âme.

Je repars de sa maison bouleversée et émerveillée, avec plein de choses nouvelles dans le cœur à méditer. En nous ouvrant les portes de sa maison, Martin nous a aussi ouvert les portes de son cœur ! Et quel trésor ! « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »