Marie, Italie

Juger pour ne rien oublier

Marie nous partage l’apprentissage et l’exigence du jugement, exercice indispensable pour aller au bout de l’expérience vécue.

Lors d’un dîner, un ami m’a demandé : « Cara mia Maria, qual è il tuo giudizio su tutto ciò che hai vissuto durante questi mesi di missione ad Afragola? » (Ma chère Marie, quel jugement poses-tu sur tout ce que tu as vécu durant ces mois de mission à Afragola?). J’ai automatiquement essayé d’éviter la question (et j’ai réussi…) prétextant la fatigue de fin de semaine.

C’est vrai que c’est un labeur exigeant que de poser un jugement sur une expérience, mais c’est indispensable, je m’en rends bien compte. Autrement, chaque journée se ressemblerait, se confondrait et je vivrais distraitement, sans retenir ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui me fait grandir. Il giudizio (jugement entre le vécu et les exigences du cœur), cet outil si essentiel pour s’épanouir, j’apprends à le développer à travers tout ce qui nous est proposé au quotidien : les films du dimanche soir que nous présente Padre Raffaele, la scuola di comunità (lecture d’un texte et partage de situations concrètes de notre mission pour illustrer ce que nous lisons), nos discussions à table, la prière du soir, la rédaction de ma lettre aux parrains, la relecture de ma lettre avec Amélisse qui me provoque et me pousse à approfondir mon jugement et à chercher les mots qui correspondent à ce que j’ai vécu, les grâces de la semaine partagées au début de notre réunion de communauté…

Toutes ces opportunités m’invitent à une relecture de ces moments qui me marquent. J’apprends à répondre aux questions : qu’est-ce que tu as aimé ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui était beau ? Pourquoi cela t’a touchée ? D’où vient cette beauté ?