Pauline de Bertier, Roumanie

Laissez-les venir à moi

Pauline nous raconte dans cet extrait sa joie de servir les enfants du quartier, leur simplicité, la pureté de leur regard, leur insouciance.

Avec les beaux jours, les enfants sont réapparus. Dans les rues, les quartiers, sur le parvis des immeubles, ils sont revenus de France, d’Allemagne ou simplement ont recommencé à mettre le nez dehors. Ainsi ils sont réapparut au Point-Cœur, très habitués, ils viennent tous les jours pour 5 min ou 2 heures. Leur première question étant toujours : « On peut jouer ? » Et nous voilà plongées dans l’enfance. Il n’est pas question d’animer les jeux mais bien de jouer avec eux. En partageant ces moments tout simples, nous partageons des fous rires, des blagues et petit à petit nous créons une amitié. Il n’y a pas d’heure pour entendre les enfants crier du portail : d’inventivité dans les jeux et les activités manuelles. On peut voir une fille courir avec de la pâte à modeler partout sur les mains ou une autre qui essaye de préparer le déjeuner avec 4 ou 6 petites mains. L’ambiance est assurée ! Notre maison est le lieu où chacun doit se sentir accueilli et aimé, le défi est de taille…

Heureusement, notre vie à la maison est toujours rythmée par notre vie de prière et notamment par l’heure d’adoration et la messe quotidienne. Je découvre à quel point les temps de prière me permettent, ensuite, d’être disponible auprès des enfants. Etre capable de donner à chacun le temps, l’écoute, la présence qu’il mérite. Etre capable de regarder chacune des personnes qui passe notre porte comme un enfant de Dieu. Notre maison abrite la présence réelle (Jésus réellement présent dans l’hostie consacrée). Cette présence, silencieuse, à l’écart, dans notre petite chapelle, est certainement le cœur de notre mission. Ces temps devant Dieu sont, pour moi, ressourçant et reposant et la grâce de la prière m’a comblée tout au long de ces derniers mois. Quel Amour Il a pour ses enfants !

Sebi qui ne sait ni lire, ni écrire, ni dessiner, se fichait bien des quelques moqueries. Il répétait à tout le monde avec un grand sourire : « Aujourd’hui c’est ma fête ». Il était profondément heureux. Il demandait : « Ok comment on dessine un arbre ? » et après avoir tenté de recopier le modèle : « Comme ça ? » Euh… oui à peu près comme ça ! Ce qu’il aime par-dessus tout c’est jouer à la moto. Le jeu est simple : les mains devant soit comme sur un guidon de bécane, il faut courir plus vite que son voisin en faisant avec sa bouche un bruit de moteur aussi réaliste que possible. Une autre fois encore, Sebi avait décidé de devenir « volontaire », il vola mon chapelet, l’accrocha tant bien que mal autour du poignet. Je lui expliquai que le cœur dessiné sur la croix symbolisait que Dieu l’aimait. Il me regarda sans bien comprendre et me dis en riant : « Non, c’est vous qui m’aimez » ! L’insouciance de l’enfance se dessinait sur son visage, il n’y avait ni malice, ni orgueil dans sa remarque. Sa joie d’être aimé était communicative.